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Photo du rédacteurLe blog de Fatoumata

Le Vide

Dernière mise à jour : 30 mars 2022


Auparavant je pensais aimer être seule. Je pensais aimer être seule car cela me permettait de fuir l'excès de contact, l'excès de sollicitation. J'avais besoin de couper et de me retirer physiquement pour me recharger seule. J'éteignais alors mon téléphone pour me rendre inaccessible. Et dans cette solitude artificielle, je prenais du temps pour moi. Dormir en paix, j'essayais. Bouquiner sans être distraite par les notifications, j'essayais... Sans succès, même coupées, elles se matérialisaient dans ma tête sous forme de pop-ups: "Oh shit, c'est l'anniversaire de X, il faut que je lui envoie un message!". Créer, départie du besoin de qualité, de l'impératif de performance, de la compulsion de visibilité. Là aussi, belles tentatives bâclées, avortées. Je note quelques moments fugaces de flow pur. Repliée sur moi même en asana de la Tortue ou en méditant : 1, 2, 3 secondes et c'est reparti.

Le cirque. Ahah ! Je sublimais la rareté, c'est ce qui me faisait croire que j'appréciai la solitude. C'est faux. La solitude, c'est dérangeant. Je cherche compulsivement des contacts qui n'ont pas de prises ou qui s'avèrent ennuyeux, insatisfaisant. Alors j'attends. J'attends les connexions qui enflammeront mon cœur. J'attends de chavirer head over heels.

Et en attendant, je découvre le vide. Le vide en moi, le vide autour de moi. Je prends conscience de la place qu'occupe mon corps dans l'espace. De la place que prenne les émotions lorsqu'elles se déploient, libres, en moi. Je goûte le vide qui me fait me sentir seule. Je me sens vraiment seule pour la première fois. Cela n'est pas la solitude de l'Incompris qui m'a été familière un long temps. Seule, c'est moi, réduite à ma plus petite unité. Sans attaches, sans liens. Et pour la première fois j'ai envie, de remplir ce vide. Et pas du premier truc qui vient. Cette envie est capricieuse. Elle a des goûts de luxe. Elle me donne envie de me remplir patiemment, précieusement. Avec de l'exquis. Du grandiose. Du transcendant. Avec attention, j'observe cette sensation insolite. Moi, auparavant appesantie par le poids de responsabilités et des liens drainants. Moi, je suis libre, je suis vide. Je m'attendais à de la légèreté, mais je ne rencontre que de l'espace. Sans fin, sans bornes. C'est déroutant. Une part de moi a envie de s'accrocher à ce qui était habituel, part du passé. Mais il n'y a plus rien pour s'y rattacher, tout à disparu. Je me souviens vaguement du goût, les mémoires du corps sont encore là. Cela me rendrait presque nostalgique des jours passés... Le piège. Alors j'accueille. Même si je manque cruellement d'être nourrie de connexions vibrantes. Je garde foi. Tout cet espace crée, il sera bientôt comblé par la Vie. Par des rires éclatants, des passions flamboyantes, des joies inextinguibles.

Exaltée. j'inspire un bon coup j'expire J'ai de la place maintenant.


Fatoumata, le 23/02/2022

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